Alors que se tient en ce moment le Salon RootsTech 2014 à Salt Lake City, j’ai eu moi aussi le droit à mon événement généalogique, certes à une moins grande échelle, mais sans bouger de Singapour ! Cet événement ne s’appelle pas « RootsTech », mais tout simplement « Roots » (« racines » en anglais), peut-être parce qu’avant d’être « Tech », la généalogie à Singapour nécessite déjà de s’intéresser à ses « Roots ».

L’exposition « Roots : Tracing Your Family History » se tient donc à la National Library de Singapour jusqu’au 16 février 2014.
Le but de cette exposition est d’introduire les bases des recherches généalogiques à un public singapourien qui s’intéresse de plus en plus à ses origines.

Expo - Roots

 

Un petit mot sur Singapour : Singapour est une ville état au sud de la Malaisie, dont la population présente une forte diversité ethnique.

Environ 62% des citoyens singapouriens sont d’origine chinoise, 11% sont d’origine malaise, 7% sont d’origine indienne, 1% sont d’origine occidentale, le reste de la population étant des étrangers n’ayant pas la nationalité singapourienne (chinois, occidentaux, indiens…). La diversité de la population est liée à l’Histoire de Singapour : d’abord port de pêche malais, puis colonie anglaise à partir du début du XIXème siècle, se développant comme grande place commerciale et maritime, attirant chinois et indiens venus faire fortune, occupée par les japonais pendant la Seconde Guerre Mondiale, puis récupérée par la Malaisie et obtenant son indépendance en 1965.

 

Singapour et l'Asie du Sud-Est
Singapour et l’Asie du Sud-Est (pour mieux vous situer !)

 

Vu l’importance de la communauté chinoise à Singapour, j’ai été surprise de voir que l’exposition traite de la généalogie chinoise, mais traite en égales proportions des généalogies indienne, malaise, occidentale ou arabe. En effet, l’exposition nous fait suivre les histoires de plusieurs familles singapouriennes qui ont retrouvé leurs origines : de la famille ayant des ancêtres chinois passés par la Thaïlande avant d’arriver à Singapour, à la famille qui puise ses racines singapouriennes à l’arrivée d’un capitaine anglais au XIXème siècle.
Les recherches généalogiques de ses familles sont présentées comme des études de cas, avec anecdotes personnelles, sources généalogiques utilisées, et documents originaux.

Je vais utiliser les informations que j’ai retenues de cette exposition pour vous donner un petit aperçu de la généalogie en Asie. Dans mes futurs articles, j’ai l’intention de développer mes découvertes concernant les recherches généalogiques asiatiques (bien que n’ayant malheureusement pas d’ancêtre à retrouver dans cette partie du monde).

 

La généalogie chinoise

La généalogie a toujours été importante pour les familles chinoises, qu’elles soient nobles ou paysannes. Elle sert à s’assurer que le patrimoine et la richesse de la famille restent intacts. C’est un devoir pour les familles d’enregistrer leur généalogie dans leur livre de famille, le jiapu. Cependant, leur généalogie est centrée sur les hommes, et les descendants de sexe féminin ne sont pas enregistrées dans le jiapu.

En Chine, le nom de famille reflète le statut social de la personne et sa génération au sein de la famille. Le nom de famille chinois est composé de trois parties :
– le nom de la famille hérité du père,
– le nom de la génération, basé sur l’arbre généalogique et spécifique à chaque clan de la famille,
– le prénom, qui est choisi de manière à ce que la signification du nom complet dénote la bonne fortune.
Les chinois considèrent en effet que le nom de famille influence directement le destin de chacun.

A noter que les noms de familles sont apparus entre 2852 et 2737 avant JC, pendant le règne de Fu Xi qui souhaitait ainsi éviter les mariages inter-clans.

Parmi les ressources pour faire sa généalogie chinoise, il existe une Encyclopédie des Ancêtres Chinois par Nom de famille (Encyclopaedia of Chinese Ancestor Portraits of Different Surnames) datant de 1999, et qui répertorie les portraits d’ancêtres chinois (portraits physiques et faits marquants de leur vie) en fonction de leur nom de famille, retrouvés grâce à différentes sources généalogiques chinoises.

 

Expo - Livre ancêtres chinois
Encyclopaedia of Chinese Ancestor Portraits of Different Surnames (China, 1999)
Collection de la National Library of Singapore

La généalogie malaise

En Malaisie, la généalogie se transmet oralement, et il n’est pas tenu de livre écrit. Par contre, les familles royales enregistrent leur généalogie pour établir des connections avec d’autres grandes familles, pour faire valoir leurs privilèges, et tracer leur lignage à partir de personnalités comme Alexandre le Grand ou le prophète Mahomet.

 

La généalogie indienne

La généalogie existe en Inde pour tracer les lignages chez les classes riches.

Expo - Indienne
Livre contenant l’arbre généalogique d’une famille indienne (vers 1960)
Collection privée exposée à la National Library of Singapore pour l’exposition « Roots »

Les hindous croient également que le nom influence le destin d’une personne, et il est donc très important pour eux de choisir le prénom du nouveau né avec précaution à partir de l’astrologie et la numérologie. Beaucoup d’hindous et de sikhs utilisent par exemple le nom du dieu du tonnerre Indra comme le suffixe d’un prénom pour que l’enfant soit disposé à avoir des qualités de combattant.

 

La généalogie arabe

La généalogie arabe a pour but de retracer les origines des familles par rapport au prophète Mahomet. Des généalogistes arabes ont pour fonction d’enregistrer les naissances et décès dans une famille, essentiellement pour les individus masculins. Cependant, les familles n’informent pas toujours le généalogiste de nouveaux événements familiaux. Il doit donc souvent se débrouiller pour mettre à jour les arbres généalogiques.

 

Expo - Arabe
Arbre généalogique d’une famille arabe dessiné par le généalogiste de la famille (vers 1900)
Collection privée exposée à la National Library of Singapore pour l’exposition « Roots »

Tradition familiale

Ces différentes cultures généalogiques ont des points communs que l’on retrouve plus ou moins dans notre généalogie occidentale :

– L’importance du foyer familial : le foyer est habituellement la maison du plus ancien de la famille. Que ce soit lors du Nouvel An Chinois, de la fête indienne Deepavali, de la fête musulmane Hari Raya, c’est dans ce lieu que les familles se rassemblent. En chinois, le mot « jia » signifie d’ailleurs à la fois « maison » et « famille ».

– L’importance de la nourriture : les recettes familiales font partie intégrante de la tradition et l’histoire familiale. Chaque famille a sa propre recette qui évoque les rassemblements familiaux lors des fêtes religieuses.

– L’importance des objets hérités (heirlooms) : ces objets (bijoux, armes, vaisselle…) sont passés de génération en génération, avec leur histoire associée, leur signification dans la vie des ancêtres. Ils ont une très grande valeur émotionnelle et de connexion avec les racines familiales. Parfois ils sont même considérés comme des talismans protégeant la famille. Cet objets peuvent également être des lettres, des enregistrements oraux, des photographies qui ont aussi une valeur capitale pour rappeler les origines et les valeurs familiales.

 

Sources pour retrouver ses ancêtres à Singapour

Les naissances et les décès à Singapour ont été enregistrés par l’Immigration and Checkpoint Authority. Les actes contiennent autant d’informations que celles que l’ont peut trouver dans un acte d’état civil en France. Pour des naissances et de décès partir de 1872, il est possible de faire une demande (payante) à l’Immigration and Checkpoint Authority pour obtenir l’acte enregistré. Il existe également des registres répertoriant tous les enterrements dans les cimetières singapouriens de 1860 à 1940, et possédés par la National Environment Agency.

 

Expo - Naissances 1940-1960
Registres des naissances à Singapour (1960)
Collection de l’Immigration and Checkpoint Authority

Les mariages civil et chrétien ont été enregistrés à partir de 1859 par le Registry of Marriages (ROM).

Avant l’établissement du ROM pour les mariages et avant 1872 pour les naissances et les décès, il n’est pas précisé la marche à suivre pour faire des recherches généalogiques. Le pays étant passé par différentes phases politiques et la majorité de la population ayant immigré depuis les autres pays d’Asie, je pense que les sources généalogiques à exploiter sont les archives familiales privées et les archives du pays d’origine…

 

Les ressources utiles en ligne :

– Le Wiki de Family Search à propos de Singapour : https://familysearch.org/learn/wiki/en/Singapore
– Le site des Archives Nationales de Singapour : http://archivesonline.nas.sg
– Le site de la Genealogy Society of Singapore (en chinois) : http://singaporegenealogy.org
– Le site de l’Immigration and Checkpoint Authority : http://ica.gov.sg
– Le site du Registry of Marriages : http://www.rom.gov.sg

Si jamais l’un de vos ancêtres est passé par Singapour, n’hésitez pas à m’en faire part !

  • pour ma part, c’est mon fils qui est actuelement en mission à SG. Il parait que vous partagez le même bureau … comme le monde est petit.

    concernant votre blog, il est tout simplement superbe. Magnifique travail.

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